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Agriculture bio

Que penser des litières à base de bois ?

par Nadège GODFROY

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Dans un article précédent, nous avons évoqué les alternatives végétales pour remplacer la paille dans les litières des animaux. Le bois peut effectivement être qualifié de végétal, mais il y a tellement à raconter dessus, qu’il méritait bien un article à lui tout seul ! Connaissez-vous toutes les possibilités qu’offre ce matériau pour remplacer la paille des céréales ?

Le bois peut se présenter sous différentes formes : sciures, copeaux, plaquettes, bois déchiqueté… Les sciures peuvent être utilisées en litière. Les copeaux et plaquettes peuvent avoir différentes utilisations selon leur taille : en découpe grossière ils serviront de sous-couche pour les litières tandis que les découpes les plus fines pourront servir carrément de litière.

En n’utilisant que du bois, deux options possibles

  • Couche de 7 à 10 cm d’épaisseur de sciure, copeaux ou plaquettes, à renouveler
    Sous-couche drainante de sciure, copeaux ou plaquettes de 10 cm et paillage après avoir laissé les animaux quelques jours sur le bois pur.

  • L’option « couche de 20 à 30 cm d’épaisseur » de sciure, copeaux ou plaquettes est déconseillée car, en plus d’une absorption moindre des jus, il faut décompacter régulièrement.

Les apports de sciure, copeaux ou plaquettes peuvent être effectués 2 à 3 fois par semaine (compter 3 à 5 kg/vache/jour) et doivent être doublés après un curage. Une difficulté cependant, les copeaux ne s’épandent pas aussi facilement que de la paille et requièrent d’être raclés après apport dans la stabulation.

En aire raclée, les plaquettes peuvent avoir une utilité : le fait d’épandre un petit volume de plaquettes tous les deux jours et de racler permet d’obtenir un produit antidérapant et de limiter la quantité de lisier produite.

La fréquence des curages reste globalement identique à celle d’une litière paillée classique. Il est recommandé d’ébouser une fois par jour, notamment pour l’option sciures. La litière noircissant très rapidement par oxydation du bois, c’est l’état de propreté des animaux qui détermine les fréquences d’apports et de curages.

 

L’utilisation combinée avec d’autres matériaux, possible aussi

Il est possible de combiner plusieurs matériaux :

  • Copeaux + sciures : réaliser une première couche filtrante grâce aux copeaux, que l’on recouvre ensuite de sciure.
  • Mélange copeaux + sciures + paille : afin d’économiser la paille (économies estimées à 30 % environ), il est possible de mélanger la fraction bois à de la paille, en alternant les couches de bois et de paille.

 

Avantages

Inconvénients

Forte capacité d’absorption de l’humidité : litière sèche et moins odorante, animaux propres, moins de risques de pathogènes

Disponibilité de la matière première : la concurrence avec la filière énergie entraine une hausse régulière des tarifs

 

Très bonne portance

Capacité de stockage de la matière première : 1 tonne de paille équivaut à 4 MAP (mètres cubes apparents) de plaquettes.

Par exemple : pour une stabulation de 1200 m2, une couche de 10 cm de plaquettes correspond à 120 m3 de plaquettes

Facilité de curage

Pour les plaquettes, s’assurer qu’elles soient déchiquetées au couteau pour éviter les risques d’échardes

Réduction de la fréquence de paillage : la paille reste propre plus longtemps

Litière peu fermentescible, donc froide : peut ne pas convenir en pur pour de jeunes animaux

 

Compostage indispensable pour les bois riches en tanins et terpènes

Tab : Avantages / inconvénients des litières à base de bois

Le fumier de plaquette a de la valeur !

Le fumier ne doit pas être enfoui : le bois se décompose en présence d’oxygène, uniquement en surface. Le bois est rapidement dégradé : il ne reste pas de résidus dans les premières coupes de printemps. Pour les bois riches en terpènes et tanins (résineux, cœur de chênes, robiniers acacia, châtaignier), il y a un risque d’acidifier les sols : dans ce cas, le compostage est indispensable. Les valeurs fertilisantes d’un fumier de plaquettes sont similaires à celles d’un fumier pailleux.

 

L’intérêt économique de ces solutions dépend du cours de la paille :

4 MAP = 1 tonne de paille

1 MAP = 16 € de coût de production tous frais confondus, soit un équivalent tonne de paille à 64 €.

1 MAP = 5 à 10 € en coût de prestation de déchiquetage uniquement, soit un équivalent tonne de paille à 20-40 €.

 

Dans un contexte où l’implantation de haies et d’arbres se démocratise, il parait judicieux d’appréhender également ces nouveaux éléments agroécologiques comme une alternative de litière pour les animaux. Cependant ces nouvelles ressources ont une croissance lente : leur implantation doit s’envisager sur le long terme afin d’anticiper de futures pénuries de pailles.

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