Les chardons sont des vivaces qui prolifèrent essentiellement via leurs bourgeons racinaires. Ils peuvent coloniser jusqu’à 250 m2 en 3 ans. La gestion par extraction est inefficace car les racines sont présentes bien au-delà de la couche arable : il faut réussir à épuiser les organes souterrains.
Les rumex se propagent par repousses végétatives et colonisent les milieux grâce à une grenaison importante (un pied produit plus de 60 000 graines vivant jusqu’à 50 ans dans les sols et survivant à la digestion par les animaux).
Quelles rotations et techniques culturales adopter ?
En cultures, le premier moyen de lutte contre chardons et rumex est de favoriser des cultures étouffantes (l’avoine et le seigle émettent en plus dans le sol des toxines qui nuisent aux adventices), ou bien d’implanter des intercultures. L’implantation d’une luzenière est très efficace dès son implantation et jusqu’à 4 ans après sa destruction.
Les faux permettent la germination d’une partie des graines de rumex présentes dans l’horizon superficiel, à faire suivre d’une destruction mécanique des jeunes plantules encore fragiles. En revanche le labour n’est pas la technique la plus efficace : il détruit les grosses souches de vieux rumex, mais favorise la survie des graines en les enterrant. Les techniques culturales simplifiées peuvent accentuer les risques de prolifération. Le levier agronomique le plus efficace est le déchaumage en conditions sèches (deux passages conseillés) : il remonte les racines en surface et assèche les repousses. Les déchaumeurs à disques sont à proscrire pour la lutte contre le rumex : ils favorisent la multiplication en découpant les racines. Les déchaumeurs à ailettes qui recoupent bien à environ 7 cm de profondeur sont l’idéal. Il est aussi possible d’utiliser des canadiens, des vibroculteurs, des chisels ou des cultivateurs légers. Les décompacteurs ne présentent pas d’intérêt pour la lutte contre ces adventices
Le binage reste un levier efficace à long terme pour les cultures de printemps type maïs, sorgho ou soja. Un binage, idéalement avec socs à ailettes, au stade 10-12 feuilles permet d’épuiser la racine du chardon.
Il est aussi possible d’écimer le chardon au stade bouton floral. Si l’écimage est réalisé trop tôt, une seconde floraison peut avoir lieu. Les résultats de l’écimage sont significatifs au bout de 5 ans minimum. A l’interculture, un scalpage au moins 3 fois à 10-30 jours d’intervalle permet d’épuiser les chardons, car c’est la durée qu’il leur faut pour remobiliser leurs réserves.
Et en prairie…
Pour la gestion de ces adventices en prairies, la fauche est le meilleur moyen. Comme précédemment, la fauche des chardons doit intervenir avant le stade bouton floral et à intervalles proches. Concernant le rumex, la fauche doit être réalisée avant que la hampe florale n’atteigne 30 cm. Attention, si les hampes restent sur la parcelle, les graines risquent de germer même si la hampe n’a pas encore fleuri.
Sur prairies pâturées, il faut veiller à ne pas créer des conditions favorables au développement des adventices par création de zones de sol nu : zones de piétinement, surpâturage ou pâturage en conditions humides.
Contre les chardons et les rumex, les techniques de lutte sont globalement similaires. Deux notions clés : épuisement des organes souterrains et limitation des grenaisons.
Un conseil reste valable pour ces deux adventices : plus vous réagirez tôt, plus vous limiterez leur propagation.