Prendre en compte la matière sèche de l’herbe
La teneur en eau de l’herbe pâturée variera au cours de la saison, de plus de 85 % au début du printemps, elle diminuera parfois à moins de 75 % à la fin de l’été. Ainsi, la consommation d’eau au pâturage peut varier du simple au triple suivant les conditions météo et la ration offerte au champ : un essai (Spörndly & Wredle 2005) de 12 jours consécutifs comparant les consommations d’eau à une température constante de 25°C a montré une ingestion moyenne de 50/55 l/VL/J en condition humide, contre 75/80 l en condition sèche.
Bien positionner les abreuvoirs au pâturage, un choix stratégique !
Les comportements d’abreuvements au pâturage sont très dépendants de la distance que doit parcourir la vache pour aller boire. Si la distance est élevée pour aller boire (plus de 100 m), le troupeau a tendance à se déplacer en masse, générant une compétition et des comportements agressifs entre vaches. Une vache se déplace normalement de 2,4 à 4 fois par jour pour aller boire ; elle ingère en moyenne 15 à 25 l par abreuvement, avec de fortes variations liées à la température. Dès que la température dépasse 28°C, les animaux limitent leurs déplacements, restent à l’ombre et ne vont pas boire si l’abreuvoir est en plein soleil.
Un essai datant de 2009 (Coimbra et al) a comparé les comportements d’abreuvement en fonction du positionnement de l’abreuvoir : dans le paddock pâturé ou dans un couloir de 4 m d’accès aux parcelles. Il en ressort que le nombre d’abreuvements chutait de 78 %, la durée de 55 % et la quantité ingérée de 26 % lorsque l’abreuvoir était positionné dans le couloir.
Fournir une eau rafraichissante, y avez-vous pensé ?
La température de l’eau offerte est un élément pouvant tamponner le stress hydrique. Un essai (Milam et al. 1986), a comparé les performances lait à une température ambiante de 35°C en distribuant une eau à 28°C à un lot de vache contre une eau à 10°C pour l’autre lot. Il en ressortait que les animaux du lot consommant de l’eau fraîche :
- avaient ingéré plus de MS,
- avaient produit 2,4 l de lait en plus,
- avaient mieux régulé leur stress thermique en abaissant leur température corporelle.
Il est donc primordial de distribuer une eau restée la plus fraîche possible jusqu’à l’abreuvoir, ce qui implique que les tuyaux d’alimentation soient protégés du rayonnement solaire.
Avoir une réserve suffisante pour le troupeau et un bon débit
Compte-tenu de la quantité d’eau ingérée par abreuvement, le bac doit être suffisamment grand pour abreuver à volonté l’ensemble du troupeau : compter minimum 15 l/VL en abreuvement continu soit un bac de 1000 litres pour un troupeau de 60 vaches. Il est parfois nécessaire de rajouter un second bac (cf. photo) pour ne pas pénaliser les vaches dominées dans le troupeau qui, sans ce supplément, ne pourraient pas « boire à leur soif ».
Lorsqu’il y a un flotteur avec un niveau constant, le débit doit être également suffisant (minimum 15 l/minute, surtout si le volume des bacs est à peine suffisant) pour éviter aux dernières vaches de se « retrouver le bec dans l’eau ».
Pour conclure, l’élément clé de l’abreuvement au pâturage est le positionnement judicieux de l’abreuvoir par rapport à la ressource en herbe (100 m maxi). Un emplacement judicieux permettra à chaque vache de boire la quantité d’eau nécessaire pour répondre à ses besoins. Mais la qualité bactériologique de l’eau est aussi à contrôler. Elle demeure un prérequis indispensable que l’on soit au bâtiment ou à l’extérieur.
Article co-écrit avec Pascal BISSON, Conseiller spécialisé en Agriculture Biologique, Littoral Normand